Tu n'aimais pas ces mois où la lumière renonce, les jours brefs, de rouille, de brume et de lampadaires falots, moi peut-être plus enclin aux lichens, aux mousses, aux fougères roussies, aux brouillards accrochés jusqu'aux ponts de la Risle, ces ombres elles protègent, le monde est si violent qu'il faut prévoir des refuges, des échappements. Je pourrais chanter comme on pleure, mais je tends vers l'hiver, j'entends par là que je me terre et que je guette les signaux infimes de ton spectre, il y a de toi partout, il suffit d'être disponible, il suffit de laisser la place et luit encore un peu -mais pour combien de temps?- le yo-yo de l'enfance dont je suis reliquaire. Ils ne m'effraient plus guère ces jours de fin du monde, c'est trop tôt tu dirais de la nuit, de la maladie, du matin tragique où s'épuise l'espèce à consumer son bien. C'est trop tard depuis toujours trop tard, nul n'a sauvé personne, il n'est que de se cacher et d'attendre, le jour dernier, le goût de cendres, le couteau du boucher.
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