Il pleut du soleil sur la mare, le bambou repoussé jaunit, c'est l'invraisemblable été qui s'éternise sous des jours raccourcis et la lumière oblique engourdit les chats qui s'étirent, qui sur mon bureau, qui au seuil de la porte entrouverte. C'est une fin du monde bien agréable, ne peut-on s'empêcher de penser. "Bien aises" disait l'aïeule dans la tiédeur de juillet, "nous sommes bien aises", bénaises disait le jardinier, c'était en juillet, ces mots me reviennent en octobre, en toute obscénité, ils sont la douceur même, la douceur qui effraie dans un monde hurlant d'égorgements, d'anathèmes, de familles déchirées, la torpeur heureuse de l'été étouffera l'espèce qui redouble d'horreurs et ne veut pas savoir que ses jours sont comptés.
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