Tu n'as pas oublié mon anniversaire, oublier, tu ne peux plus, oublier c'est encore être. Maman non plus, elle s'est souvenue, m’a appelé, c'est rare qu'elle appelle, très rare que ce soit le jour dit de ma naissance, je suis comme elle, moi aussi j'ai l'anniversaire approximatif. En cela nous différions: tu tenais à ton anniversaire, je fuyais plutôt le mien, tu souffrais enfant de prendre un an plus le jour de la rentrée des classes, et je me souviens que tes quarante ans te furent pénibles, et je me souviens surtout que l'année dernière tu fis tout pour survivre à celui du père, je ne peux pas mourir aujourd'hui m'as-tu dit crânement -moi j'avais oublié la date et si je la sais à présent c'est pour ta rage à survivre à ce jour-là. Non, je n'aime pas les anniversaires, trop absorbé par la guirlande de l'après qui se tresse quoi qu'on en ait: hier c'était la première neige sans toi, cette première neige me pèse plus que mes cinquante trois ans -que vaut cet âge que tu n'atteindras pas?
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